La veille, j'ai pu me rendre à la rivière pour soigneusement prendre soin de moi, prendre soin de mon pauvre corps abimé par mes multiples combats. Je me suis longuement lavé, nettoyant ma peau de tout le sable et la boue qui me recouvraient et je dois avouer que cela m'a fait un très grand bien. Je dois y aller environ une fois par semaine, lorsque je prends le temps de pensée à moi un tout petit peu.

C'est d'ailleurs parce que je pense un petit peu à moi que je suis aujourd'hui au marché. Je me suis levé relativement tôt, comme à tous les matins. J'ai placé ma ceinture deux fois trop grande pour moi autour de ma taille, celle-ci soutenant mon fourreau et mon épée. J'ai ensuite placé mon arc et mon quarcois sur mon dos enfin prèt à me diriger vers l'endroit où je peux me procurer un peu de nourriture fraîche. Le plus souvent des fruits et des légumes, car je chasse moi-même ma viande.

Je pénètre hors de la forêt, ma pitoyable demeure s'y trouvant, dans un petit coin perdu. Habillé de mon éternel accoutrement j'entre dans le fameux marché. Là, où, hommes, femmes et enfants viennent pour se procurer des aliments ou des friandises. Je n'aime pas me retrouver dans ce genre d'environnement, moi, je suis un solitaire, j'ai horreur de me retrouver entourer de dizaines, voir de centaines d'individus que je ne connais pas du tout. Je regarde vers la gauche, je regarde vers la droite, je me demande encore ce que je cherche. Je regarde ma bourse qui est aussi accroché à ma ceinture et je soupire voyant le minuscule contenu qui s'y trouve. Un enfant me bouscule, un homme me pousse légèrement, étant dans son chemin, je n'aime pas ce genre d'environnement.

Miraculeusement, je finis par trouver un banc et m'y assois. Je passe une main dans mes cheveux d'ébène et soupire de nouveau. Une chance que je ne viens pas souvent ici, car je crois que je finirais par faire une crise, je crois que je finirais par hurler ma rage de tout ce brouhaha. Je prends ma bourse dans ma main et me mords la lèvre inférieure. Je n'ai pas envie de voler aujourd'hui. Je me demande encore si je mérite de me procurer des aliments frais ou devrais-je aller en voler dans un jardin, cela risquerait d'être plus dans mes moyens.