Aujourd'hui, est l'une des belles journées que j'adore. Une journée où je me suis réveillé assez tôt, dans les alentour de sept ou huit heures. Je me suis lavé et je suis ensuite sorti au marché. Habillé de mon éternel accoutrement, portant un étui sur ma ceinture. Cet étui, une toute petite pochette conservant soigneusement l'instrument de musique qui ne me quitte plus depuis tant d'années. De longues années à me perfectionner d'un instrument mélodieux à jouer des notes ensorceleuses. Ceux-ci faisant danser les plus vieux, comme les plus jeunes, des danses endiablées ou plus tranquilles. Ces rythmes musicaux dépendent souvent de mon humeur. Rendu dans ce vaste marché je m'arrête à un étale pour m'y acheter du pain, du fromage ainsi que quelques fruits qui me feront un excellent repas. Je me rends par la suite au parc, m'assoyant à l'une des nombreuses tables, dégustant mon petit-déjeuné. Je regarde à gauche et ensuite à droite, regardant les gens heureux se promener et s'amuser. Leurs bonheurs me dégoûtent, mais lorsque des paires des yeux croisent mon regard, je leur fais simplement un sourire charmeur qui fait souvent rougir les jolies demoiselles. À la suite de ce délicieux repas je me dirige vers la fontaine à souhait, cet endroit est pour moi, assez important.

Durant mes premières années ici, dans ce nouveau monde, j'ai rencontré une femme magnifique. Celle-ci devenant rapidement ma bien-aimée. J'ai d'ailleurs fait des folies pour cette femme que je voyais comme étant ma tendre moitié, une femme en or, celle de ma vie. C'est devant cette splendeur de fontaine, durant une nuit remplie d'étoiles filantes que je lui ai demandé sa main. Aujourd'hui, elle croupit au cachot pour avoir assassiné de sang-froid l'homme avec qui elle avait eu le culot de me tromper.

Je fais le tour de la fontaine, écoutant le son que produit les gestes continuent d'eau. Des sons hypnotiseurs, calmes et sereins. Je finis par m’asseoir sur les rebords de ladite fontaine et retire avec délicatesse ma flûte de son protecteur. Je me laisse porter par le rythme de l'eau, je porte mon instrument à ma bouche et d'un souffle mélodieux, j'entame des notes qui se succèdent l'une après l'autre. Yeux clos, je me laisse absorber complètement par la beauté des notes tourbillonnent dans ce lieu.

De longues minutes s'écoulent et je finis par ouvrir les yeux. Quelques personnes se sont arrêtés non loin de moi, ceux-ci ayant des sourires sur leurs lèvres. Et dire que si mon cœur en avant envie, je pourrais tous les faire approchées et les noyés dans l'eau de la fontaine. Mon regard s'abaisse alors vers une petite créature, une jeune enfant qui danse, emporter par le rythme. Je termine mon solo et écoute les applaudissements qui grondent autour de moi, mais mon regard reste accroché sur la bambin aux airs si innocents.

En croisant les bras sur mon ventre, je regardai une dernière fois en direction de ma fille qui grognait de mécontentement. Elle était assise sur le sol du salon et essayait - en vain - de faire les boucles de ses chaussures, ce n'était pas la première fois qu'elle tentait l'expérience et à chaque fois, je lui expliquais comment faire. Lorsqu'elle leva finalement la tête dans ma direction, je lui fais un petit sourire en coin, je lui demande de s'approcher en pointant le sol devant moi avec l'index. Au bout d'une minute, elle vient s'asseoir juste devant moi afin que j'attache ses chaussures. Je lui montre à nouveau comment faire de belles petites boucles, puis je me lève et l'aide à se remettre sur les pieds. J'avais prévu une petite excursion en ville afin de faire quelques courses pour la maison, Maëlie avait protesté son mécontentement, mais comme c'était moi le père, j'allais la forcer. La voisine voudrait bien la prendre quelque temps, mais je n'allais quand même pas lui envoyer l'enfant alors que je ne travaillais pas aujourd'hui ; elle m'aidait déjà bien amplement. En marchant dans la forêt, Maëlie courait devant moi en oubliant complètement ses réticences premières. Elle avançait en tortillant, puis tantôt en pourchassant un petit lapin blanc qui passait devant elle. Je l'ai perdu de vue durant quelques minutes, mais elle était revenue vers moi comme à chaque fois. Elle n'allait jamais bien loin de son père, parce que la forêt est quand même inquiétante du haut de ces cinq ans. En arrivant en ville, je passai par le marché afin de prendre quelques fruits et céréales afin de garnir notre garde-manger. Maëlie disparut de ma vision durant quelques secondes, puis en tournant la tête vers la direction où elle était partie, je vis sa petite tête blonde tourner le coin d'une rue en sautillant.

Je payai rapidement l'addition et attrapai mon sac avant de fuir le marché en courant. Avec sa grandeur de naine, je ne pourrais jamais retrouver ma fille dans une foule. Je m'arrêtai au coin où elle avait disparu, puis je regardai partout autour de moi sans la voir. Au bout d'un certain temps, j'entendis le son d'une flûte au loin presque complètement camouflé par l'achalandage du marché. Je me dirigeai rapidement dans cette direction, parce que je connaissais assez bien Maëlie pour savoir que si elle avait entendu de la musique, elle se rendrait à cet endroit.

Je fus complètement soulagé de voir sa petite tête blonde danser au rythme de la flûte qui l'entrainait à danser en cercle, ses petits yeux étaient fermés. Je m'accotai contre un mur de l'endroit, j'observais la danse de ma petite avec un certain sourire, même si je savais que j'allais devoir la punir pour cette imprudence.

Lorsqu'il s'arrêta de jouer de la musique, la petite s'approcha dans sa direction en tapant rapidement et bruyamment dans ses petites mains. Elle alla se planter à ses côtés et je pus lire sur ses lèvres - et dans ses yeux grands et émerveillés - qu'elle lui dit :

▬ « Est-ce que tu pourrais m'apprendre a jouer aussi bien que toi ? »

Relevant mon regard de la toute petite fille, je scrute la foule qui continue de m'applaudir. Peu à peu, les applaudissements diminuent, jusqu'à complètement cesser, quant à la foule qui m'a entouré pour écouter ma somptueuse mélodie commence à se dissiper tranquillement. Mais, des petits applaudissements plus aigu, plus petit attire de nouveau mon attention. Mon regard s'abaisse vers l'enfant aux yeux pétillants qui s'approche de moi joyeusement.

- Est-ce que tu pourrais m'apprendre à jouer aussi bien que toi ?

Mon regard plongé dans le ciel, je lui fais un large sourire. Sa douce voix cristalline d'enfant me fit penser à ma dernière action dans mon pays d'origine. Là, où, j'en conduis plusieurs enfants à leur perte, plusieurs familles détruites par mon acte sans scrupules. Sa voix me fit souvenir des leurs, qui chantaient au rythme de ma musique enchanteresse. Je les vois danser, danser et danser encore jusqu'à l'épuisement total de leur jeune corps, jusqu'à tomber au sol, mort.

- Cela me ferait un réel plaisir chère petite. Par contre, il faudrait tout d'abord demander la permission à ton père.

La population autour a repris ses occupations, mais une seule personne au loin est toujours là à nous regarder, moi et la bambine. D'ailleurs, vu le regard avec lequel il observe, c'est juste totalement évident qu'il a un lien fort avec l'enfant, donc son père ou peut-être bien son frère, mais je penche plus sur le lien paternel. Une si jolie créature, si fragile, si manipulable, si innocente. Qui croit être invincible, mais qui au fond, ne prends qu'un simple petit divertissement pour devenir complètement vulnérable. Parfois je me dis qui j'aurais très bien pu avoir moi-même un enfant avec mon ex-femme. Elle aurait vraiment fait une bonne maman et moi, je crois que je ferais aussi un excellent père. Je n'ai pas beaucoup de patience, je suis un petit peu colérique et impulsif, mais lorsque j'aime, mon amour est total, jusqu'à être mortel au besoin .. Je me dis qu'un jour, cela sera mon tour de vivre dans le bonheur et la gaieté, juste que pour l'instant, je n'ai pas encore trouvé la personne qui me faut. Une personne qui me comprendra et me supportera quoi qu'il arrive, voir, même, à participer à mes excès de folie.